• ALICANTE et les Pieds-Noirs

    C'est aujourd'hui, samedi 4 octobre qu'est inaugurée, à Alicante, une magnifique statue de 2,30 mètres de hauteur, réalisée par  Toni Mari Sart.

    Installée sur le port, face à la Méditerranée et à l’Algérie, elle représente deux personnages qui se font face: un voyageur débarquant d'Oranie, riche de ses deux maigres valises et un habitant d'Alicante, les bras ouverts en signe d'accueil.

    C'est à l'initiative du Comité du Cinquantenaire créé en 2012, que différentes manifestations placées sous l'égide de la Maison de France agrémenteront le don de cette statue offerte par les "Pieds-Noirs" aux habitants d'Alicante et de sa région pour les avoir si chaleureusement accueillis en 1962.

    Gracias Alicante, c'est le signe de la reconnaissance éternelle que les "Pieds-Noirs" doivent à la population alicantine.

    Gracias Alicante, c'est le cri du coeur de ces plus de 30 000 réfugiés français qui choisirent, en quittant l'Algérie, de venir s'établir en Espagne plutôt que dans leur mère patrie.

    30 000 à 40 000 « Pieds-Noirs »,  qui, génération après génération avaient construit l’Algérie Française ont choisi de rejoindre l’Espagne plutôt que la France métropolitaine. Heureuse a été leur décision car ils ont été reçus par les espagnols comme leurs enfants, leurs frères, leurs familles. Certains, réfugiés en France dans un premier temps, mais mal accueillis sont venus ensuite dans la région d'Alicante pour y retrouver l'ambiance, le climat, la luminosité méditerranéenne qui leur manquait tant.

    (Photo provenant de la collection de Jacques VILLARD)

    Pendant ce temps, les français ayant rejoint la "Mère Patrie" étaient souvent considérés comme personae non gratae dans leur propre pays...  Débarquant dans le sud de la France, notamment à Marseille, ils furent bien moins bien lotis. Tandis que les alicantinois ouvraient leurs maisons aux réfugiés d'Algérie, les marseillais leur tournaient le dos.

    Pire que tout, le maire de l'époque, Gaston Deferre, eut des mots d'une cruauté incomparable: "Que les pieds-noirs aillent se réadapter ailleurs, qu'ils quittent Marseille!" tandis que fleurissent dans la ville des panneaux "Les Pieds-Noirs à la mer"...

    En savoir plus sur Les Échos

    Aujourd'hui, lorsqu'on se promène dans Alicante la généreuse, les noms de certaines boutiques, les patronymes de plaques professionnelles, font remonter des souvenirs  d'Oranie...

    Dans les rues, les commerces, aux terrasses des cafés, lorsqu'on entend parler français, c'est avec cet accent caractéristique que l'on reconnait entre mille... et on les envie, ces "Pieds-Noirs" heureux qui vivent près du bleu de la mer et dans la lumière du soleil de la Méditerranée!

    Ajoutons que depuis, Marseille et ce même Gaston Deferre ont essayé de se rattraper...
    Une sculpture monumentale, oeuvre de César  a été érigée en 1970 sur la Corniche de la ville.

    Alicante et les Pieds-Noirs

    C'est une immense pale d'hélice de bateau, dressée face à la mer. L'hélice de bateau symbolise la traversée douloureuse de la Méditerranée qu'ont du faire en 1962 plus d'un  million de personnes quittant l'Algérie. 

    Ce Mémorial  des Rapatriés d'Algérie porte l'inscription: "Notre ville est la vôtre".

    Ceci est le dernier des 3 billets consacrés à Alicante.

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  • Commentaires

    1
    Samedi 4 Octobre 2014 à 15:13
    Marenostrum

    tu remues des souvenirs douloureux....mais tu comprends aussi que si j'ai choisi l'Italie...ce n'est pas un hasard!

    J'ignorais tout de cette arrivée massive de nos compatriotes en Espagne...et les statues sont révélatrices. A Marseille ou dans la région parisienne...l'accueil fut sinon hostile du moins indifférent à notre peine

    Merci.....

    Bises romaines

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    2
    Samedi 4 Octobre 2014 à 17:33

    Je te comprends d'avoir choisi l'Italie, Jacqueline. Presque toute ma famille a connu ce douloureux exode, quittant la terre natale en y laissant tout: objets du quotidien, souvenirs et photos de famille, meubles ... séparation d'avec les amis de toujours... ne sachant où aller, où s'établir dans cette patrie presque inconnue de France... Moi j'ai eu de la chance, je suis partie d'Algérie juste avant et passé des jours heureux au Maroc, pays voisin apaisé, à l'accueil si chaleureux, aux habitants si accueillants aussi.

    Je ne suis venue en France que plus tard... la page était tournée... 

    3
    Samedi 4 Octobre 2014 à 19:48

    Bonsoir Benissa, l'argument que vous traitez sur votre billet est très intéressant, j'ai connu les mêmes drames en '64, étant né en Tunisie, ma famille Italienne, depuis 3 générations dans ce pays a du partir et laisser "tout" pour recommencer une nouvelle vie au pays d'origine avec des énormes difficultés… et sans aucun aide de la part du gouvernement de l'Italie…. Mais bon, malgré tout, quand je repense à ma vie, je considère toutes ces expériences, un grand bagage humain et culturel, très enrichissant…  

    Aimez vous Camus?… et Marie Cardinal?…. 

    A bientôt, Francesco.

    Ps Un grand merci de votre visite sur mon blog!

    4
    Dimanche 5 Octobre 2014 à 18:50

    Moi aussi, j'adore les jeux de mots… et jouer avec les mots dans tous les sens du terme…..

    5
    Dimanche 5 Octobre 2014 à 23:14

    Très sensible à ce que j'ignorais - je suis aussi touchée par cette page d'histoire qui a fait tellement souffrir nos aînés.

    Je me sens bien ignorante en te lisant.

    Nous avons tellement aimé Alicante - nous y avons passé des jours heureux.

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