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Par
BENISSA dans
LECTURE le
11 Janvier 2010 à 04:49
Je viens de lire deux livres de Lydie Salvayre celui-ci dont je vous parle aujourd'hui et dont la première publication remonte
à 1997 et BW paru à la dernière rentrée littéraire qui fera l'objet d'un prochain article.
Très étonnant, le monologue-dialogue de cet individu emprisonné pour meurtre.
Le nom de la victime? nous ne le saurons qu'à la fin.
Pourquoi monologue? parce que tout est à la première personne, c'est c'est le cheminement de la pensée de cette homme.
Pourquoi dialogue? parce que dans sa tête, il nous fait part des conversations qu'il a ou qu'il a eues avec différents interlocuteurs: le juge, l'avocat, le personnel soigna,t, l'assistante sociale
qui font désormais partie de son univers.
Il semble qu'il se sente protégé dans cette prison et que le crime qu'il a commis ait délivré sa parole et du coup, il peut évoquer tout ce qu'à été sa vie: son enfance saccagée par un père
violent, le couple qu'il formait avec sa femme et bien sûr son métier de guide au Musée de Port Royal et, la passion folle dont il s'est pris pour LES PENSÉES de Pascal.
Cette passion le pousse à s'isoler, à éprouver du dégoût pour les autres et à vouloir à tout prix diffuser ces idées qui dépassent son entendement réel, cette philosophie qu'il ne comprend pas
vraiment mais qu'il a fait sienne.
A cause de son enfance, cet homme ne veut pas ressembler à son père qu'il hait:
« La haine, monsieur Jean, est sans discernement. Elle a la puissance des mouches. (...) La haine aime la merde, monsieur Jean. Sa
parenté avec les mouches réside encore dans ce trait. Je hais mon père au-delà de toute mesure, personne, monsieur Jean, ne peut imaginer à quel point je le hais. Je crois, longtemps, que cette
haine ne me quittera pas. Elle me tient. Elle m'anime. Je m'y accroche. En quelque sorte, je la cultive. Oserai-je dire aujourd'hui que, tristement, je la savoure ?
...»
Et pourtant, son épouse, qui supporte son
comportement odieux pourrait témoigner qu'il agit comme ce père détesté, car:
"nous avons atteint, ma femme et moi, dit-il, à un degré de haute spécialisation dans le registre de la dispute, grâce à un entraînement régulier et des qualités personnelles
indéniables."
Le don de Lydie Salvayre réside en ce qu'elle peut nous parler de sujets TRÈS sérieux
(thématiques philosophiques, absurdité de la vie) mais en mettant en place des scènes d'un comique aussi irrésistible que féroce qui amusent beaucoup.
Cet humour noir manié par une écriture à la maîtrise talentueuse font que vous n'oublierez pas la lecture d'un tel livre.
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