Evidemment, nous n'allions pas quitter les intérieurs somptueux de ce palais grandiose sans passer par la mythique Chambre d'Ambre!

Tant de mystères entourent encore cette pièce: des romans des films lui ont été consacrés, n'hésitez pas à en lire car, pour aussi romanesque que ce soit, c'est une histoire VRAIE.

C'est la seule pièce du palais où les photos ne sont pas permises. Les 2 seules photos que j'ai faites sont les deux c-dessus, prises de loin à partir de la pièce précédente. Les autres photos illustrant ce billet viennent d'internet (sites officiels ou autres voyageurs moins "obéissants").

La Chambre d'Ambre se situe, dans la grande enfilade dorée, entre la Salle des portraits et la Salle des Tableaux.

Cette pièce comme d'autres salle du palais avec leur profusion de dorures est peut-être "too much", mais vu le travail considérable, la valeur artistique et le fait que ce soit unique en son genre, on comprend qu'elle ait été considérée comme la huitième merveille du monde.

Lors d'une visite au roi de Prusse, le tsar Pierre 1er était tombé en admiration devant une pièce de 55 m2 dont les murs étaient totalement recouverts de lambris d'ambre: des plaques d'ambre, des moulures d'ambre, l'ensemble sculpté dans de l'ambre authentique... 

Quatre  panneaux de mosaïques florentines incrustées de pierres précieuses et d'or représentaient les cinq sens (l'odorat et le toucher étaient sur le même panneau).

Il y en avait pour  6 tonnes d'ambre!

Lorsque Pierre le Grand a rencontré Frédéric-Guillaume Ier un peu plus tard en Novembre 1716 à l'occasion de la conclusion d'une alliance entre la Russie et la Prusse, le roi de Prusse lui fit cadeau d'un yacht, le Liburnika, chargé de 80 caisses de matériel divers dont la fameuse chambre d’ambre tant convoitée.

En échange,  l'empereur de Russie fit également  à Frédéric-Guillaume un présent à la mesure de ses goûts:  une cinquantaine de grenadiers mesurant 2 mètres, pas moins, car le roi de Prusse aimait à être entouré d'une garde composée d'hommes ayant une taille hors norme.

Selon les registres qui sont parvenus jusqu'à nous, la chambre d'Ambre démontée a été livrée à Saint-Pétersbourg  en dix-huit grandes et petites caisses, mais finalement Pierre le Grand n'en fit rien et l'ambre tomba dans l'oubli jusqu'à ce que sa fille, Elisabeth se souvienne de ce trésor et décide de le faire installer  dans le Palais d'Hiver de Saint Pétersbourg en 1743 juste après son accession au trône. 

En Juillet 1755 Elizabeth ordonne à Rastrelli de créer une nouvelle pièce pour installer la Chambre d'ambre au palais de Catherine à Tsarskoïe Selo.  C'est ainsi que débutent les deux siècles de gloire de la «huitième merveille du monde"  dans sa seconde patrie, la Russie.

La salle allouée par Rastrelli à la Chambre d'ambre dans le Grand Palais avait une superficie de 96 mètres carrés, donc plus importante que la pièce précédente. Rastrelli imagina donc de placer les panneaux d'ambre de façon symétrique sur les murs, en les séparant par des pilastres à miroirs. Dans les espaces où il n'y avait pas assez d'ambre, les  murs étaient couverts de toiles sur lesquelles l'artiste Ivan Belsky imita le précieux matériau avec de la peinture.

En 1763, l'impératrice Catherine II donna l'ordre que les parties de toile peinte soient remplacées par de véritables panneaux d'ambre. Les artisans ont produit huit panneaux plats pour l'étage inférieur avec un motif en mosaïque, huit socles pour les pilastres et également un dessus-de-porte pour compléter l'ensemble. En quatre ans, 450 kgs d'ambre ont été utilisés pour ce travail et en 1770 la création de la Chambre d'ambre était achevée, la salle avait acquis son aspect définitif.

Le décor de cette chambre d'Ambre ne se limitait pas aux murs, mais des objets, meubles et coffres travaillés dans l'ambre y étaient entreposés. 

C'était l'une des collections les plus importantes d'objets réalisés en ambre aux XVIIe et XVIIIe siècles par des artisans allemands, polonais et russes.

Dès les premiers jours de l'invasion nazie en Juin 1941, pour préserver les trésors du Palais Catherine, on commença leur évacuation, mais, en raison de la fragilité des panneaux d'ambre, il a été décidé de ne pas les démonter, et de les conserver in situ en les protégeant de la façon suivante: du papier a été collé sur les panneaux, puis de la gaze, après quoi ils ont été recouverts de coton et de planches de bois .

Lorsque les unités allemandes ont atteint la ville de Tsarskoe Selo, elles étaient accompagnées de spécialistes engagés pour le pillage des œuvres d'art. Les panneaux d'ambre ont été enlevés et envoyés à Königsberg. Dans le livre des cadeaux au musée de Königsberg l'arrivée de la Chambre d'ambre est enregistrée sous le N° 200, comme cadeau de l'administration des palais et jardins du Troisième Reich.

Les panneaux d'ambre pillés ont été exposés  dans l'une des salles du château de Königsberg. Son directeur, Alfred Rohde, a écrit en 1942 que la Chambre d'ambre, de retour dans sa patrie, était le meilleur ornement de Königsberg. Ce fut le dernier lieu où cette création unique en son genre a été exposée. 

En 1944, lorsque les Allemands battirent en retraite, les panneaux ont été démontés et envoyés à nouveau vers une destination inconnue. A partir de ce moment, le destin de la Chambre d'ambre se perd dans la nature... Les hypothèses les plus folles ont été émises. En 1997, on a retrouvé en Allemagne un panneau en mosaïque d'ambre provenant du lot d'origine, volé par les nazis, ouvrant ainsi des folles espérances, mais rien d'autre n'a été retrouvé. De temps en temps on pense avoir repéré un lieu encore inexploré, une grotte oubliée, un souterrain muré, mais rien n'y fait, personne n'a revu cette merveille disparue.

En Juillet 1979, après une trentaine d'années de recherches infructueuses, le Conseil des Ministres de l'URSS a pris la décision de recréer la chambre d'ambre et les travaux débutèrent en 1983 suivant un projet élaboré par l'architecte Alexander Kedrinsky . 

Un an plus tard, la Chambre d'ambre avait déjà une nouvelle peinture de plafond, la partie supérieure des murs était peint à l'imitation de l'ambre, et un parquet à motifs avait été réalisé. Il ne restait plus qu'à installer des panneaux d'ambre dont les emplacements ont été temporairement recouverts de tissu.

Cependant, la reconstruction à l'identique par les soviétiques de ce salon ne fut pas chose facile. Il fallu dans un premier temps commencer par former des artisans à la sculpture de l'ambre, et c'est une trentaine de spécialistes qui y travaillèrent.

En 1994 que le premier des panneaux inférieurs et la table d'angle, recréé par les restaurateurs de l'atelier de l'ambre Tsarskoïe Selo, ont été installés. Deux ans plus tard, les artisans ont terminé le travail sur la première mosaïque qui correspond à "La Vue"  

En 1999 le groupe allemand Ruhrgas a versé 3,5 millions de dollars afin de permettre la fin des travaux de restauration qui étaient restés en panne faute de moyens. 

En Avril 2000, un panneau de la pièce d'origine fut retrouvé en Allemagne et rendu au Palais Catherine c'était le panneau concernant "Le Toucher et l'Odorat"

La restauration de cette chambre aux panneaux muraux recouverts d’ambre, a coûté 11,5 millions de dollars, 6 tonnes d'ambre ont à nouveau été nécessaires.

Après 20 années de travail de reconstitution, (d'après des photos d'époque et grâce au panneau retrouvé), l’inauguration officielle de la "Chambre d’ambre" a eu lieu le 31 mai 2003 en présence du chancelier allemand Gerhard Schroeder  accompagnée de sa femme Doris Schröder-Köpf, et du président russe Vladimir Poutine, à l’occasion du 300e anniversaire de Saint-Pétersbourg.