Une fois la grande grille franchie, comment ne pas être impressionné par ce palais qui déploie sur 310 mètres, ses longues façades bicolores?

Les 2 photos ci-après ont été prises ICI

C'est Pierre 1er qui offrit à son épouse, la future Catherine 1ère, les terres de Tsarskoe Selo sur lesquelles s'étend l'ensemble des palais de ce "Village Impérial" . Elle y fit édifier un petit palais en 1711 et c'est sa fille, la future Elisabeth 1ère qui en hérita et qui décida de transformer les bâtiments existants en un fastueux palais entouré d'un parc agrémenté de pavillons.

Bartolomeo Francesco Rastrelli, architecte qui avait agrandi et rénové le palais de Peterhof, est appelé à partir de 1752 pour réformer assez radicalement la construction du palais voulu par Elisabeth et baptisé palais Catherine en l'honneur de sa mère.

Rastrelli né à Paris en 1700 et décédé à St-Pétersbourg en 1771 a fait toute sa carrière en Russie, construisant ou réaménageant plus d'une douzaine de palais.  Estimant que les palais doivent être créés "pour la seule gloire de la Russie", il fit du palais Catherine une merveille, en le dotant d'un luxe baroque INOUÏ!

Par la suite, Catherine II  continua l'embellissement et l'enrichissement du palais et fit réaliser les pavillons ponts et autres bâtiments qui parsèment le parc. Sans oublier le palais Alexandre voisin sur les 300 hectares réunis.

Pour rappel, les dates des règnes de ces trois impératrices:

Catherine 1ère : 8 février 1725 – 17 mai 1727

Elisabeth 1ère : 6 décembre 1741 – 5 janvier 1762

Catherine II : 28 juin 1762 – 17 novembre 1796 c'est elle qui conquit la Crimée dont on parle tant aujourd'hui.

On peut donc dire que ce palais est l'oeuvre de 3 impératrices.

L'extérieur est surprenant, par l'alternance de la couleur bleu azur des murs, du blanc des colonnes sur lesquelles tranche l'ocre des moulures, sculptures, le tout rehaussé par la couleur argentée de la toiture.

Et encore, imaginez qu'à l'époque, tout ce qui est aujourd'hui d'une teinte ocre sans éclat était richement recouvert d'une fine couche d'or!

Ainsi ces atlantes soutenant les colonnes à chapiteaux:

Aujourd'hui, seuls les bulbes émergeant au dessus du toit et couronnant la chapelle, dans le pur style de l'architecture traditionnelle russe, ont été recouverts d'or lors de leur rénovation.

Lorsqu'on pénètre dans le palais on est immédiatement saisi par le décor fastueux.

Le grand escalier de parade en marbre blanc occupe toute la largeur du bâtiment, avec une entrée venant du parc et une de la place d'Honneur. C'est l'occasion de comparer l'état des lieux après la destruction par les nazis et aujourd'hui, après restauration:

Si vous n'avez pas vu les photos du palais détruits, c'est à la fin de mon précédent billet, ICI

Pour voir une photo de l'escalier en 1910, cliquez ICI.

Les murs et le plafond de l'escalier sont décorés dans le style Louis XV et tout est peint en blanc. Des porcelaines chinoises et japonaises disposées sur des consoles font preuve du raffinement en vogue sous le règne de la Grande Catherine.

Au plafond des moulures encadrent des tableaux de maitres italiens des 17° et 18° s. 

Tout confirme que ce palais est bien l'un des plus beaux fleurons de l'architecture baroque russe, reflétant à la perfection le faste des cérémonies à la Cour des Tsars et la puissance de ces souverains.

-----oooo000oooo-----

La Grande Salle ou Salle des Lumières possède une surface de 846 m2!

C'est le chef d'oeuvre de Rastrelli: tout est recouvert de dorures, multiplié à l'infini par les miroirs, tandis que les baies ouvrant sur les deux façades du palais donnent une impression d'espace sans limite.

Au plafond, sur toute la surface, une gigantesque peinture de Giuseppe Valeriani:

"Le Triomphe de la Russie"

Suite à une déformation du plafond, cette oeuvre avait été enlevée en 1790 et remplacée par une autre. Après la destruction du palais, les parties du tableau de Valeriani qui avaient été conservées ont été retrouvées après la guerre et on permis aux artistes chargés de la restauration de recomposer l'oeuvre originale à partir de ce qu'il en restait et des croquis et dessins de Valeriani.

Au sol un superbe parquet marqueté fait d'essences différentes, comme dans tout le palais, obligeant les visiteurs à porter des chaussons comme on le voit sur les photos. Ce parquet comme ceux de toutes les autres salles, fut quasiment entièrement détruit dans l'incendie du palais. Il a été restauré à partir de fragments récupérés et des dessins de l'architecte Rastrelli. Dans chaque salle le parquet aux dessins variés est magnifique.

Détail, mélange de chêne clair et foncé, d'érable et de noyer:

Des personnages en costumes, présents pour un tournage, m'ont fait rêver aux fastes des réceptions et des bals qui se déroulaient dans cette immense salle illuminée par les 700 bougies des lustres et appliques...

-----oooo000oooo-----

La Salle à Manger des Chevaliers

C'est la première pièce après la Grande Salle avec laquelle elle communique par des portes vitrées.

Elle ne donne que sur un côté du palais et pour lui conférer une impression d'espace, Rastrelli disposa, en face des fenêtres donnant sur les jardins, des fausses fenêtres à miroirs. Au sol, un beau parquet à carreaux.

 Les portes sont superbes

Une peinture de plafond a été installée dans la salle à manger au milieu du XIXe siècle: l'architecte avait choisi une toile sur la vie d'Alexandre le Grand et de la famille du roi Darius de Perse par l'artiste du XVIIIe  K. Balk et complété avec des médaillons en stuc et des incrustations peintes. Lorsque la décoration de la salle a été recréée après la guerre, une autre peinture a été placée dans le centre du plafond; elle représente le mythe antique de dieu-soleil Hélios et Eos, la déesse de l'aube. 

La salle à manger des Chevaliers est ornée d'un poêle en faïence peint au bleu de cobalt. Il comporte plusieurs niveaux s'élevant jusqu'au plafond ainsi que des colonnes et des niches. 

Des poêles de chauffage semblables, créés sur des dessins de Rastrelli, sont des éléments inséparables de toutes les pièces principales du palais.

Sur les tables, la vaisselle est décorée des badges et insignes de l'ordre de la Chevalerie russe. Le service a été fabriqué entre 1777 et 1785 à l'usine de porcelaine privée de Francis Gardner Verbliki près de Moscou. 

-----oooo000oooo-----

La salle des Arabesques

S'il est une salle qui avait les faveurs de Catherine II, c'est celle-ci, créée par l'architecte Cameron arrivé en Russie après la mort de Rastrelli.

Au bleu turquoise rehaussant le blanc des murs soulignés d'or, répond un jeu de miroirs ovales encadrés reflétant la lumière des fenêtres ouvrant sur la cour d'Honneur. A côté des miroirs, Charles Cameron a orné  la salle de pilastres, et de panneaux rectangulaires verticaux avec arabesques peintes (d'où le nom).  La pièce maîtresse du mur est une cheminée de marbre blanc italien.

Catherine aimait y recevoir, y jouer aux cartes...

Pour voir une photo de cette pièce en 1910, cliquez ICI

La restauration de cette pièce a été possible grâce à des fragments récupérés et conservés, tels que quatre médaillons peints du plafond, sept appliques  à trois bougies en bronze, la cheminée de marbre blanc, deux cadres de miroirs ovales, une console murale, et des fragments de modèle et ornements sculptés.

Photos BENISSA

A suivre dans mon prochain article...

En attendant, vous pouvez aussi revoir:

Le Palais de PETERHOF

Le palais ALEXANDRE

Les parcs des palais de TSARSKOE SELO