-
Syrie: les villes mortes
Au nord-ouest d'Alep, dans le Djebel Sema'an, vit une minorité rurale de kurdes.
Ils se sont installés dans le nord de la Syrie, en provenance de la Turquie où, à la veille de la seconde guerre mondiale, ils subissaient une politique répressive.
C'est dans le grand massif calcaire qui constitue ce Djebel que l'on découvre, au hasard des randonnées dans les replis escarpés de la nature, ces villes situées sur une route qui a été délaissées et qui les a fait tomber dans un oubli de plusieurs siècles.
Ces ruines sont le reflet d'une piété naissante. Elles ont été édifiées par des hommes en quête de terres à cultiver. Les constructions qui, au départ étaient éparses, sans ordonnancement particulier, ont été reliées par une route parallèle à celle qui traversait la Syrie, empruntée par les caravanes commerciales et donc déjà fort encombrée.
Cette nouvelle route permettait donc aux pèlerins de se rendre d'un lieu de vénération à un autre et de pouvoir faire halte dans des villes accueillantes offrant le gîte et le couvert. Ces villes en ruines nous documentent sur ces paysans bâtisseurs qui, du III° au VIII° cultivèrent le blé, la vigne et l'olivier, déblayant ces immensités de pierres et puisant dans ces paysages le matériau de leurs constructions. Ces ruines de maisons à étages, d'églises, de monastères nous racontent l'histoire des premiers chrétiens de Syrie du Nord et de ces ascètes qui drainaient les foules en ces lieux et dont le plus célèbre est St Siméon dont nous reparlerons demain.
Puis à partir du VIII° s. l'abandon les menace et les frappe définitivement au X° s. Cette désertion les conserve au milieu de cette rocaille battue par les vents et sous la fournaise du soleil syrien et il faudra attendre environ neuf siècles, pour que des voyageurs et ensuite des expéditions et des travaux de recherche, les tirent de cet oubli dans lequel elles avaient sombré.
Une soixantaine de villes subsistent dont certains édifices sont seulement dépourvus de toits et de charpentes.
Les vestiges de certains se mêlent à des villages actuels:
mais, partout, le randonneur est envoûté par l'artistique et harmonieux mélange des pierres des bâtisses et des rocailles naturelles offrant leur couleur dorée au soleil au milieu des broussailles.
Le parcours est assez bien indiqué mais il se transforme parfois en aventure sportive lorsque le chemin disparaît ou se trouve obstrué par un beau mur de pierres élevé pour délimiter un champ. Cela nous est arrivé mais n'a fait qu'ajouter du piment aux merveilleux souvenirs que nous avons de cette journée.
Pour plus de photos, voir le diaporama ci-dessous. J'ai privilégié l'utilisation de VUVOX pour vous permettre de voir les photos en plein écran en cliquant sur le petit rectangle en bas à droite de la glissière de défilement avec laquelle vous pouvez regarder les photos à votre rythme.
Tags : syrie, villes, ruines, pierres, nord
-
Commentaires
Bonjour,
Un décor somptueux... Certains de ces édifices sont drôlement bien conservés : on dirait qu'il suffirait de peu de choses pour les rendre de nouveaux habitables. En tout cas, on ne les imagine pas si vieux. Merci à toi de nous faire découvrir ce magnifique pays !
Je te fais de gros bisous,
Sandra
si j'ai bien vu il y a une inscription en grec..et le 8ème siècle et l'abandon correspond à l'arrivée de Arabes..
Belle leçon d'histoire illustrée par toi!
8JacquelineLundi 12 Septembre 2011 à 23:05Beau voyage dans le passé. Certains de ces édifices doivent avoir été grandioses à leur époque !! Merci pour cette leçon d'antiquité.....
Ajouter un commentaire
Quel merveilleux voyage...