• Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

      S'il est avéré qu'au VIe siècle avant notre ère il y avait déjà des traces d'habitat à l'emplacement de la ville de Troyes, c'est surtout à partir du IIe s. que l'on relève une sorte d'organisation urbaine avec les Tricasses, tribu gauloise établie dans ce qui correspond au département de L'Aube actuel.

      La situation géographique explique le développement, le lieu se situant sur la voie commerciale entre la colonie grecque de Phocée (Marseille) et le reste de la Gaule, via la vallée du Rhône, de la Saône et de la Seine.           

      Les légions de César ont donc trouvé une cité qu'il a été facile de "romaniser" et il parait normal que la Via Agrippa dont j'ai parlé dans mon billet précédent (ICI) passe par ce lieu. Jules César, mais aussi les empereurs Marc Aurèle, Adrien et Aurélien s'intéressent à cette ville et se préoccupent d'en consolider les fortifications.  

      La ville se développa donc  d'est en ouest le long de cette voie romaine faisant office de decumanus maximus, actuellement rue de la Cité, tandis que le cardo, voie perpendiculaire, est aujourd'hui la rue Boucherat.

    Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

      Au début de notre ère, la cité d’Augustobona Tricassium compte environ 6000 âmes et s’étend sur 80 ha. Elle semble avoir été prospère à cette époque si l'on en croit la découverte faite près de l'ancienne porte de Chailloulet avec ce "trésor" exposé au musée St Loup:

    Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

    102 kgs de pièces de monnaie de cuivre constituant le plus important dépôt monétaire jamais découvert dans l'Empire romain d'Occident.

    Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

      Hélas, la période suivante du Bas-Empire romain, apporta de grands troubles dans la région avec les invasions barbares germaniques et, dans la seconde moitié du IIIe s., la ville se replie sur elle-même, s'enfermant dans des remparts protecteurs.

      Prélevant des pierres sur les édifices détruits, ils élèvent une enceinte d’environ 400 m de côté sur les reste du castrum gallo-romain: c'est ce que l'on appelle "la Cité", elle restera à peu près en l'état durant plusieurs siècles.

    Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

      En 451, c’est la bataille des Champs Catalauniques qui se déroule dans la région, et la ville échappe aux hordes des Huns d’Attila grâce à l’intercession héroïque de son évêque Saint Loup.

     La ville est tour à tour intégrée au royaume franc (en 493, Clovis rois des Francs, viendra y rencontrer Clotilde avant de l'épouser) puis au royaume de Bourgogne (de 561 à 741) 

     Hélas, les remparts érigés ne furent pas suffisants pour protéger la ville: les invasions barbares des sarrasins (720) et des normands (889) se succèdent pillant et ravageant Troyes. 

     Au XIe s. Troyes entre sous la coupe des Comtes de Champagne. A partir de là, la ville devient le centre d'une vie culturelle active et riche., elle commence à s'étendre quelque peu au-delà des murs de la Cité par quelques faubourgs qui bordent la grande route (via Agrippa). C'est aussi l'époque faste des grandes foires de Champagne qui apportent à la ville croissance et richesse.

     Les grands marchands s'y établissent: on est au carrefour des routes de Flandres et d'Italie. De nombreuses maisons en bois se construisent, la ville s'étend. C'est une ville agrandie et prospère qui est réunie au royaume de France à la fin du XIII e siècle.

    Troyes à la fin du XIIIe siècle:

    Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

     La belle période des Foires de Champagne est révolue, mais la ville conserve une tranquillité propice au développement des arts, du commerce et de l'industrie.

     Malheureusement un incendie ravageur détruit une partie de la ville dont près de 1600 maisons de bois. Dès lors on reconstruisit en pierre ou avec du pan de bois recouvert d'enduit imitant la pierre afin de limiter les risques d'incendie.

    Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

       Après avoir subi les aléas de l'histoire (Révolution, Terreur...) les manufactures de bonneterie s'installent et se développent. Cette industrie est mécanisée en 1745 et l'on compte 40 bonnetiers en 1770, faisant de Troyes la capitale de la bonneterie. L'industrie textile instaure un véritable essor industriel dans tout le département de l'Aube avec la création de nombreuses marques d'origine locale: Lacoste, Petit Bateau, Absorba, Adidas... pour ne citer que celles-là.

      On comprend le pourquoi de la grande concentration de magasins d'usine autour de la ville aujourd'hui.

      La ville s'est développée, les murailles d'enceinte et les portes de l'ancienne ville ont disparu, mais lorsque l'on consulte un plan de la ville ou une vue aérienne, on remarque la forme particulière de la ville ancienne.

    Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

    Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

    Cette forme qui fait que l'on appelle le coeur de la ville:

    Troyes, de Augustobona à aujourd'hui

    Le bouchon de champagne!

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 28 Novembre 2013 à 14:03

    Un beau billet très complet et bien documenté ! et quelle chute !  

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